Et que se dissipe ma brume...

Il me parlait et me manipulait depuis quelques minutes déjà. Docile, je me laissais faire. Parfois, ses mots me piquaient au vif. Foutu ego. Je me sentais obligée de m'en tirer par une pirouette, de l'esprit acide. Je ricanais nerveusement. Je lui résistais même si je lui obéissais. Le nuage de ma mauvaise humeur ne me quittait. Il me punissait pourtant pour une quelconque insolence que j'avais presque oubliée. Il ne voulait pas m'attacher. Je devais me contenir toute seule. Encaisser. Je luttais contre lui et surtout contre moi. J'écoutais une phrase sur deux, perdue dans d'autres lieux.

Et soudainement, il capta mon attention. Le pourquoi du comment, je l'ignore. Il me ramena avec lui. Mes cheveux dans son poing, je gémissais. Les paupières mi-closes. Un sourire farouche flottait sur mes lèvres. Il m'avait. Me chuchotant à l'oreille mille mots que je n'entendais même plus. La bouche pourtant scellée, je ne pouvais plus retenir mes gémissements. Venant des profondeurs, ils grondaient dans ma gorge. Mes sourcils se fronçaient. Mon bassin en quête de la cause perdue l'implorait silencieusement. Je me tordais dans sa poigne, accentuant cette pression capillaire qui me rendait un peu plus dingue à chaque fois. Je cherchais à comprendre ses paroles dans la brume. Je me concentrais sur la vague qui m'emportait et sur le vent dans mes oreilles. Je me perdais dans l'un et dans l'autre. Je veux, je vais, tu feras. Je n'avais que des bribes. Je voulais m'en souvenir pour les convoquer plus tard, mais je n'y arrivais pas. Brusquement, un mot. Supplie. Comme une détonation sous mon crâne. Plus rien. Le brouillard. Là où on a envie de se perdre et de se cacher, enveloppant, rassurant. Sortant subitement de ma torpeur, je m'exécutai pour mieux y retourner.

" Pitié, Monsieur... "