Père Castor
Bâillonnez-moi, s'il vous plaît, Monsieur. Attachez-moi. Et plongez-moi dans le noir. Prisonnière de vos cordes, je ne peux qu'à peine bouger. Au prix de longs efforts. Les liens tailladent doucement ma peau. Je m'en moque. Vos instruments me rendent folle. Depuis un bon quart d'heure, vous me torturez à feu doux. Parfois quand vous me voyez au bord de la rupture, vous venez me chuchoter dans l'oreille des histoires improbables. De punitions. De récompenses. Dans mes brumes, je vois une silhouette meurtrie qui jouit de liberté sous haute surveillance.
Putain de bordel de merde. Ma langue peu châtiée restera in petto aujourd'hui. Donnée au chat. Vous ôtez mon bandeau juste pour voir l'eau trouble de mes iris. Presque la même lui répondant plus bas. Tant pis pour le cuir, si je goutte. Je vous regarde sans vous voir. Je suis loin déjà. Merveilleux conteur, continuez votre histoire. Je suis partie sur les sentiers que vous avez balisés pour moi. Vous retirez mon bâillon. Vous ne voulez pas rater le savoureux spectacle de mes mots mêlés quand je ne sais plus articuler...
Mon corps s'étire dans les lianes au rythme de vos paroles. Je ne sais retenir les syllabes qui sortent sans queue ni tête, au risque de perdre le fil de votre récit...
J'entends des bribes qui me viennent d'ailleurs. J'étais cette silhouette qui jouissait sous haute surveillance...
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