Pour tout l'or du monde...

Tu étais venu me chercher à la gare. Il faisait encore beau et on était arrivé chez toi alors qu'il faisait encore jour. Je m'étais lavé les mains et je me disais qu'il faudrait sans doute passer à la douche avant de jouer. C'était l'été, il avait fait un peu chaud dans le train et j'avais envie de me sentir fraîche et disposée mais bon... Je reculais sans cesse le moment où je te le dirais. J'avais la flemme, tout simplement. Je préférais me poser. Notre conversation était plaisante ; tu cuisinais. Je n'avais pas envie de faire autre chose finalement. De bonne humeur, je te taquinais gentiment. De micros touches impertinentes, sous couvert d'humour toujours. Pas grand chose... et surtout zéro réaction.
Tu me rappelas alors qu'aujourd'hui ça ne marchait pas ainsi : j'étais soumise. De mauvaise grâce, je me pliai alors aux nouvelles règles : sur le canapé, je dénudai mon cul. Tu vins bientôt comme promis. Le plat était en train de chauffer, on avait déjà bu un verre. Ou plus ? Tout cela semblait bien engagé. Tu me fessas, prenant ton temps. Et soudain comme un mauvais remake : envie pressante. Je me dégageai – une vraie anguille – en marmonnant vaguement "je reviens". Je n'en crus pas mes yeux, tu me laissais y aller. Tu m'en aurais empêchée, je n'aurais pas pu lutter. J'aurais été bien embêtée... Mais non, Monsieur est gentleman, heureusement pour moi !
M'enfermant aux toilettes, je me maudissais d'être si bête, si peu prévoyante, mais m'enorgueillissant aussi, d'être suffisamment maline pour réussir à te faire le même coup deux fois de suite, malgré tes maudites règles. J'avais envie de rire sans retenue et de me gifler sans indulgence. Sans doute déjà un peu grisée par l'alcool, je n'en fis rien, un léger sourire flottant sur mes lèvres. Me lavant les mains, je me dis que cette fois, il y avait un torchon ; je ne pourrais pas m'enfuir dans la salle de bain pour échapper à une punition certaine. Je ne t'avais pas entendu monter chercher le martinet comme la première fois, mais je n'avais pas été très attentive. J'avais peur de sortir et à la fois, j'avais envie de savoir ce qui pourrait se passer et surtout me prouver que j'avais le cran de l'assumer. Je poussai la porte bravement : tu ne saurais pas combien j'appréhendais.
Tu m'attendais juste derrière. J'eus un mouvement de recul, surprise. Tu me retins par le bras. Par réflexe, je voulus me dégager mais bon contre ta poigne, je ne pouvais pas grand chose.
Tu me dis simplement en me regardant droit dans les yeux :
"À mon tour."
Je n'arrivais pas à réfléchir mais instinctivement, je sus. Mon ventre se contracta au maximum, revulsé. Ma chatte pleurait dans ma culotte et tu le verrais sans doute. Ma bouche t'implorait en geignant.
"Non, mais c'est une blague ? S'il te plaît... La canne mais pas ça..."
Vaguement hésitant, tu me demandas lapidaire :
"Rouge ?"
Je secouai imperceptiblement la tête, presque penaude. Je n'arriverais sans doute jamais ni à assumer, ni à arrêter. Je ne pouvais rien faire que rester attentiste.
Tu hochas la tête, le chapitre était clos. Tu m'attrapas par les cheveux et me fis monter les escaliers tant bien que mal. Je tanguais un peu, j'avais envie de te supplier de m'épargner cette épreuve. Mais je n'arrivais pas à parler. Et chaque fois que je renâclais à grimper une marche, ta prise se faisait plus ferme. J'avais vraiment envie de te hurler "putain, lâche-moi, j'ai le vertige !", mais ça n'arrivait que dans ma tête. Et tu me forçais à t'obéir. Arrivés sur le palier, je voulus me réfugier dans ta chambre, épuisée par la montée et déjà paniquée par la suite. Je rêvais de rejoindre ton lit : me foutre en PLS sous la couette. Oubliez-moi par pitié !
Mais à peine essayai-je de me dégager que tu me flanquas une jolie gifle qui me laissait estomaquée.
"File."
Oh putain de bordel de merde, ça allait être encore plus compliqué... Ma culotte était trempée. Ta baffe m'avait autant vexée qu'excitée. Mon vertige, ta rambarde – tu m'avais plusieurs fois promis de m'y attacher pour la décorer –, objets de nombreux fantasmes : tout complexifiait mon état d'esprit. Oh oui ? Mais jamais de la vie !
Ma tête, mon corps se livraient bataille, enragés. Tiraillée par ces flux contraires, je n'eus d'autres choix que de t'obéir. Tu m'as déshabillée et je me suis laissé faire... Ainsi donc, ça allait être maintenant ? Docilement effrayée, je me suis laissé mettre dans la baignoire.
J'aurais pu te demander la permission d'aller aux toilettes quand même, non ? Pourquoi devais-je toujours faire n'importe quoi ? C'était si sorcier d'obéir ? Mille questions.
Et si je l'avais fait exprès ? Inconsciemment ?
Non ! Je pensais à la canne, du gingembre, un plug... Pas à ça... Je n'aurais jamais pu imaginer...
Tous ces points d'interrogation et de suspension me rendaient folle. Je vrillai. Absoute à l'or jaune...


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