Le Dom de Haute-Savoie
Il nous avait offert des vacances. J'étais allée le rejoindre comme d'habitude et il m'avait dit, demain on part. J'étais surprise. Je croyais qu'il me faisait une blague, que je comprenais mal, mais il était sérieux. Alors je me suis mise à paniquer, partir où ?, je n'avais sûrement pas pris les bonnes affaires.
Il me tranquillisa, il m'acheterait ce qu'il me manquait et surtout, je n'aurais pas besoin de grand-chose. Je le tannais pour qu'il me crache le morceau mais il ne lâcha aucune information. Dans le lit, je revenais à la charge.
"Je te fais un massage si tu me donnes un indice.
- Masse-moi le dos, si tu ne veux pas dormir attachée."
Je savais qu'il en était capable, l'animal ! Je bougonnais en laissant parcourir mes doigts sur sa peau.
"Mieux que ça ! Applique-toi... Ou moi je m'appliquerais à t'apprendre à t'impliquer..."
Je frissonnai, c'était tentant, flippant aussi. Je restais sage malgré tout car à tous les coups, il s'arrangerait pour que mon plaisir soit moins grand que la douleur. Je n'avais pas envie de passer ma journée du lendemain à me dandiner dès que je m'assiérais. Je le massai plus énergiquement. Il s'endormit presque sous mes mains.
Le réveil sonna à huit heures. Comme d'habitude. Sauf que cette fois-ci, il était hors de question de traîner au lit. Il me le fit bien comprendre, je le branlai distraitement pour tenter de le faire changer d'avis mais peine perdue. En se levant, il me balança sur son épaule. Fallait pas me faire ça dès le matin, j'en avais la nausée. Je me retenais de crier de peur de vomir sur son dos.
Il prit sa douche avec moi, m'ordonnant d'aller plus vite. J'avais presque envie de faire l'inverse pour le voir s'agacer mais il m'en dissuada d'une taloche sur le haut du crâne. Ce n'était pas le moment de jouer. Une fois la mousse disparue, il m'enroba dans une longue et lourde serviette qui m'engloutit.
"Tes vêtements sont sur le lit. Dépêche-toi un peu."
Me dire ça dès le matin, il ne tenait pas à sa tranquillité, visiblement le malheureux. Pourtant, curieusement, je restais sage et le rejoignis dans la cuisine. Mon café m'y attendais déjà. L'odeur fumante me mit de bonne humeur.
Il m'avait choisi de chaudes fringues, je m'imaginais déjà devoir faire une randonnée ou quelque chose du style. Je ne le questionnais plus, c'était inutile et surtout, à présent, je voulais savourer l'attente.
Il mit ensuite nos affaires dans le coffre et nous partîmes rapidement. Enfin, ça s'était uniquement si je n'avais pas oublié de refermer la fenêtre de la salle de bain pour aérer la pièce. Arrivée à un feu rouge, je pris mon courage à deux mains et lui fis part de mon affreux doute soudain. Il me fusilla sur place quand il comprit que ce n'était pas une de mes blagues idiotes. Au prochain rond-point, demi-tour jusqu'à la chose délictueuse. Ouverte ! Au moins je n'avais pas la mémoire qui flanchait, c'était toujours ça.
Je refermai le battant et tant que j'y étais, testai ensuite les plaques de cuisson. Bien éteintes. Puis verrouillage à double tour. Et enfin, dans la voiture, où je fis profil bas. J'avais bien essayé de le dérider un peu mais il était assez imperméable. Je fis alors mine de dormir. Arrivés sur l'autoroute, il desserra enfin les dents.
"Dans la boîte à gants, y'a un paquet pour toi, prends-le."
Je lui souris en grand, soulagée qu'il me parle gentiment et l'idée du cadeau, même empoisonné, me faisait plaisir.
Je déballai mon présent. Et découvris un peu désappointée, un masque pour dormir. Le message semblait clair, fais dodo et m'embête pas. Docilement, je le mis, même si je n'aimais pas ça. Bercée par la route, je ne tardai pas à sombrer dans un sommeil profond.
Sortie de mon hibernation express, je remarquais qu'on s'était enfin arrêté à une aire d'autoroute. Il avait déposé son écharpe sur mes épaules et un croissant sur le tableau de bord. Qui dort dîne, mon ventre se réveilla aussitôt. Un peu coupable de mettre des miettes dans sa voiture chérie, je mangeai tout de même de bon appétit. Et bu un peu d'eau.
Où était-il donc passé ?
La portière s'ouvrit subitement.
"Bien dormi ? Tu as faim ? Tu veux pisser ? Sinon on est bientôt arrivé. On attend ? Ok."
Lui répondant par grognements et signes de tête, encore un peu ensommeillée, il comprit tout de même. On reprit la route.
Je voulais regarder le paysage, les panneaux mais il me redemanda de me couvrir les yeux. Je râlai un peu, pour la forme, puis finis par continuer ma sieste.
Quand j'ouvris à nouveau les paupières, on était enfin arrivé. Pour de bon. Le moteur à l'arrêt.
Je fis glisser un peu le bandeau, je craignais qu'il me gronde de ne pas respecter son ordre mais il me regardait sans rien dire. Alors je l'enlevai franchement. Il me souriait, fier de son effet. J'avais la bouche sèche d'avoir autant dormi, je ne savais pas quelle heure il était. Ni où j'étais précisément. Mais où que je pose mes yeux, il y avait de la neige. J'avais hâte de faire une bataille contre lui. Je souriais déjà à l'idée de lui mettre de la poudreuse dans le cou. Je regardais tout à coup mes baskets, il aurait pu me prévenir tout de même. Je fronçai les sourcils.
"Des après-skis t'attendent, ne t'inquiète pas."
Il sortit, fit le tour de la voiture et m'ouvrit la portière en me tendant galamment la main. Il savait vraiment me faire sentir comme une petite princesse parfois. Il me détrompa bien vite en me balançant sur son épaule comme un vulgaire sac de jute, à peine mise sur mes jambes. Comme ce matin. Je hurlai de surprise mais ça le faisait rigoler.
Je le vouais aux flammes de l'enfer, je savais que ce n'était pas prudent mais je m'en fichais.
"Ce serait bête d'abîmer tes chaussures, ma chérie. Tiens-toi tranquille."
Il se moquait mais que pouvais-je y faire. La capuche de ma doudoune se rabattait sur ma tête par effet de la gravité, ne me laissant plus qu'un champ de vision tronqué.
Il grimpa quelques marches et j'entendis les touches d'un digicode. On entra. Il faisait froid à l'intérieur aussi. Il me déposa dans le couloir. Il semblait connaître les lieux. Il trouva le thermostat, lança le chauffage. J'enlevai chaussures et manteau et allai me blottir sur le sofa, sous les plaids qui nous attendaient. Un vrai petit chat de canapé.
"Sois sage, je reviens."
Je lui tirai la langue mais il était déjà parti. Il commençait à m'énerver à me traiter comme une enfant. J'avais envie de fureter partout en son absence, d'aller voir la vue aux fenêtres mais j'avais l'impression qu'il n'aurait pas aimé alors je restais là, à l'attendre.
Il revint avec toutes nos affaires et commença à ranger. Je le regardais s'agiter, sans même penser à l'aider. Cela n'avait pas l'air de le déranger, au contraire, il n'avait pas vraiment envie de m'avoir dans les pattes.
Il mit de la bouffe dans le frigidaire, au moins on allait ni mourir de faim, ni devoir faire les courses aujourd'hui. On verrait ça demain.
Légèrement inquiète par toute cette mise en scène, je voulais savoir ce qu'il avait finalement mis dans ma valise. Il m'avait dit que je n'aurais pas besoin de grand-chose, mais on était tout de même à la montagne, s'il croyait que j'allais me balader en nuisette, il se fourrait le doigt dans l'œil, le coco. Alors que je le pensais aux toilettes, je me glissais enfin dans la chambre, mais il m'appela : c'était l'heure du goûter.
Le lit avait l'air moelleux et le chalet était décoré avec goût. J'essayais de prendre les choses du bon côté, il savait pourtant que je détestais être bousculée dans ma routine. Mais il aimait aussi beaucoup me déstabiliser et là, il y avait pour le moins réussi.
Je le rejoignis dans la grande pièce à vivre, côté cuisine. Un thé m'attendait avec des pâtisseries. Mes appréhensions s'envolèrent. On discutait gentiment, et le soleil allait bientôt se coucher. Il devait être bien fatigué d'avoir autant conduit mon pauvre chéri.
"C'est quoi le programme ?
- Tu verras."
Mais je n'allais pas m'en contenter cette fois. Je le relançais plusieurs fois. En essayant plusieurs tactiques. Plus ou moins subtiles. Au début, il riait de mon acharnement. Puis, il me prévint. Une fois. Deux fois. Et sans crier gare, il me saisit à la gorge. Je lui souris. J'avais réussi à avoir une réaction. Je n'en menais pas large intérieurement. Pourtant, à ce moment précis, je sentais les choses à leur place. Rassurantes.
"Dans ta valise. Première pochette. Y'a un sac noir. Va t'habiller."
D'une claque sur le cul, il m'encouragea. Je trépignais de savoir ce qu'il me réservait mais je tentais de le lui cacher. Je pris donc mon temps pour lui obéir.
"Dépêche-toi. Si je viens t'aider..."
Je frissonnai. J'avais envie qu'il vienne. Il poussa la porte, en soupirant.
"Tu risques de le payer..."
Arrivé dans mon dos, il me susurrait sa menace au creux de l'oreille. Je me frottais à lui, contente de l'avoir retrouvé joueur. Il me poussa sur le lit, sans ménagements. J'attendais. Il baissa mon pantalon. Avisa ma culotte. Trempée.
"Tu risques d'attraper froid. Humide comme elle est."
Il me retira mes vêtements. Pour mon bien. Je l'aidais un peu en me contorsionnant. Avec la grâce d'un phoque en rut. Il rit. Je m'en fichais. Je voulais savoir. Ce qu'il voulait faire de moi.
Il me colla une dizaine de fessées. Pour me réchauffer. Ma fente était collante quand il y passa ses doigts. Je gémissais d'excitation. Le suppliant de ne pas me laisser sur ma fin.
Il prit le fameux sac noir. Déballa le contenu, sur le lit devant mes yeux. Qu'est-ce qu'il voulait faire de ça ?
Je ne voulais pas m'habiller de toute façon, je n'avais qu'une obsession : baise-moi.
Je me retournai pour descendre sa braguette. Mais il suspendit mon geste. Décontenancée, je levai mes yeux vers lui.
"Pas maintenant. On verra plus tard... Si tu es sage..."
Il voulut me caresser la joue pour adoucir son refus. Je me dégageai vivement. Et vexée, je pris alors les vêtements, pour m'enfuir dans la salle de bain.
Terminant de me déshabiller, je ruminais encore son refus, quand je l'appelais.
"Chéri, viens. J'ai besoin d'aide."
Il ouvrit la porte, que je venais de déverrouiller.
Je l'attendais. Il leva un sourcil interrogateur.
"T'aider ? C'est pas si sorcier d'enfiler une guêpière tout de même...
- Si tu es si malin, fais-le alors !"
Il allait s'avancer lorsque je lui jetai de l'eau en pleine figure, en riant. Mon verre à dents, à présent vide, chuta dans un bruit de plastique. Je voulus fuir devant son air vraiment furieux, mais il m'intercepta avant que je ne puisse franchir la porte. Il ne le prenait pas du tout à la rigolade. Pour moi c'était juste une petite vengeance comme un jeu, mais je sentais bien qu'il se retenait vraiment de me retourner une jolie gifle. Je me débattai soudainement effrayée par sa colère non feinte. Je pensais me prendre une claque, accompagnée d'une douche froide. Qu'il me rende la monnaie de ma pièce. Mais j'avais aussi espéré alors lui donner l'envie de me rejoindre au lieu de me punir plus durement. Cependant rien de tout cela dans son regard. Il me traîna par les cheveux vers le salon. Il ne disait rien, ça me foutait encore plus les jetons. Je lui criais des excuses mais elles ne lui parvenait pas.
"Non, mais non... Le prends pas comme ça ! C'était juste une blague... S'il te plaît..."
Il déverrouilla la fenêtre menant au balcon. Je tentais de résister. Sans succès. Il m'enferma. Dehors.
Je tambourinais en hurlant comme une dingue. Je voulais rameuter le quartier.
À poil, en hiver, il n'était pas bien ?!
Je m'aperçus alors dans la pénombre naissante, que notre chalet était reculé des premières habitations et qu'en basse saison, on se sentait seul au monde, ici.
Ma rage me tenait encore chaud mais pour combien de temps ?
Il me regardait fixement derrière la porte vitrée. Il se déshabilla devant moi pour ôter ses fringues mouillées. Quand il enleva sa chemise, j'avais failli baver. Oh ce n'était pas un top model, il peinait à ne pas faire fondre ses tablettes. Mais les trois petits grains de beauté sur son torse m'avait toujours donné envie de lui. Et même souvent de lui mordiller son téton gauche.
Je cognai encore au carreau de dépit. Des flocons recommençaient à tomber. Ça n'avait pas l'air de l'émouvoir plus que ça. Je grelottais, me mettant à l'abri sous l'auvent. Mes orteils étaient presque bleus. Je me frictionnais enregistrement pour tenter d'avoir moins froid. Sautillant sur place pour ne pas me transformer en glaçon. Mais quel connard ! Aucun humour le garçon quand même... Tout ça pour un tout petit verre d'eau, même pas plein en plus...
Il avait tourné le fauteuil vers moi, et il lisait me jetant un coup d'œil de temps en temps. Le spectacle semblait lui plaire. J'avais fait mine d'escalader la balustrade mais il n'avait pas été dupe. Je n'avais pas le courage de sauter d'aussi haut, même si la neige amortirait ma chute. Il m'avait regardé sévèrement puis me voyant renoncer, il avait esquisser une moue moqueuse. Il m'énervait. Je pensais à mille vengeances que je n'aurais jamais le courage, ni l'envie d'exécuter. Je me laissais glisser contre la vitre, essayant de protéger du vent. Le balcon était devenu blanc. Le soleil s'était couché. Quelques réverbères plus loin faisaient des tâches lumineuses. Ça ne servait à rien de m'escrimer, il en ferait qu'à sa guise. Comme d'habitude. Résignée, je m'étais calmée. Il ouvrit la fenêtre, me tendant mon collier. Il me l'attacha. Je me laissai faire. Profitant de la chaleur du salon qui me parvenait un peu.
"Position de soumise, dans la neige."
Je levai des yeux larmoyants vers son visage mais il resta inflexible. Je déplaçai difficilement alors mon petit corps transi. Combien de temps m'avait-il laissée là ? J'eus un moment d'hésitation, puis me laissai choir en criant de froid. À genoux, talons aux fesses, j'attendais, tremblotante, tête baissée. Je luttais pied à pied contre ma furieuse envie de me relever et courir me mettre au chaud.
"Tes cuisses. Écarte mieux que ça."
Une larme s'échappa. Mon nez coulait. Il ne m'épargnerait pas. J'ouvris mes jambes, le cul à présent presque dans la neige. Mon cri résonna lorsque ma chatte fut en contact avec la poudreuse. Il laissa glisser un sourire sadique sur ses lèvres. Ma rancœur fut effacée, j'avais juste envie de lui sauter dessus pour me faire pardonner.
"Je vous... vous présente mes excuses, Maître."
Je claquais des dents mais il comprit l'essentiel. Il vint me relever par l'anneau de mon collier. Le froid et la neige semblaient ne pas avoir de prise sur lui. Il me souleva dans ses bras pour me faire rentrer. Pour une fois, je ne râlai pas. Il ferma rapidement la fenêtre. Me chuchotant des mots doux de son cru, il nous mit dans la douche qu'on prit ensemble. Puis il nous s'enveloppa dans nos draps. On zappa le dîner.
Ce soir, j'irai dormir chez le Dom de Haute-Savoie...
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