À bâtons rompus
"Arrête de sursauter."
Ma méfiance lui rappelait tout le mal que l'on s'était fait.
Ça l'insupportait.
Il voulait tourner la page, je lui réimprimais le livre.
"Va te faire foutre !"
J'allais partir. En levant mon majeur.
Je voulais juste me rhabiller. Ne plus sentir son regard sur ma peau.
J'avais encore fait une connerie. Je voulais
"Reviens."
Son ordre claquant me donnait envie de le gifler. C'était fini. Il n'avait plus autorité sur moi. Je ne voulais plus
Mon corps avait fait demi-tour.
"À genoux."
Il me regardait satisfait que mes articulations fussent plus souples que ma tête.
Je rejetai ma tête en arrière. Les yeux dans les siens.
"Tu t'attendais à quoi ? Je n'ai plus con-fian-ce."
J'articulais comme s'il était demeuré.
Il fit un pas vers moi. Je tressaillis. M'empêchant tout recul.
Ma salive était bloquée dans ma bouche. Incapable d'avaler.
Ma moue parlait pour moi. Tu vois, je ne te mens pas. Moi. Incapable de tricher.
Il caressa ma joue. J'aurais préféré une claque. Il me blessait. Mes paupières closes.
"Fais ce que tu veux."
Je rouvris les yeux. Ce que je veux ? Me relever pour le mettre à terre. Me heurter à sa montagne de muscles. Qu'il me fouette. S'il trouvait l'assentiment de ma chair. Peut-être que par habitude mon esprit reviendrait vers lui.
Pas qu'il me laisse avec cette montagne. De possibilités.
Je secouais la tête. Il me prit les mains. Les collant contre son torse.
"Tout ce que tu veux."
Mes doigts contre son pull, je ne pus m'empêcher de chercher la douceur. De la maille. Et sa chaleur.
"Allez."
Prenant appui sur lui, je me relevai. Je caressais sa barbe. Est-ce que ma tendresse le blessait à son tour ?
Son sacro-saint visage. Qui détestait le contact. J'en prenais possession. Lentement. Je tentais d'apprivoiser la bête. Il se maîtrisait parfaitement mais je sentais comme d'habitude son envie de me retourner une claque qui m'aurait mise à terre.
Je soupirais.
"Mon amour."
Mes mots sonnaient faux. Je ne le lui avais jamais dit quand c'était vrai.
J'avais juste envie de me bercer. Cajoler ce corps qui endurait tant pour mes caprices. Lui demander pardon. Encore et encore.
Chasser mes larmes.
Lui et moi.
Mais on était trois.
Commentaires
Enregistrer un commentaire