La Nuit des Chimères
"Je ne comprends pas..."
Un blanc me répondit. Il n'allait pas du tout me faciliter la tâche.
"Ah mince... Tu vas rire... Mon bel Amour... Ce n'est que pour les journées du patrimoine..."
J'esquissai un petit sourire que j'espérais communicatif. Ça faisait quinze minutes qu'on poireautait devant les vieilles pierres, en attendant la lumière. Je l'avais convaincu que le temps frais avait découragé d'autres curieux : on était seuls.
"On rentre.
- Oui, oui... Bien sûr."
Je lui pris la main. Mais il la retira prestement, pour me prendre par le coude, que je ne traîne pas sur le chemin. Me ramenant tout contre lui, dans une parodie amoureuse, il me glissa.
"Je ne sais pas si je vais rire... Mais toi, tu risques de pleurer... Mon Aimée."
À une semaine du changement d'heure, en plein dans la clôture des comptes trimestriels, qu'il ponctue sa menace de mots tendres me rassura presque. Sa voix pleine de lassitude en revanche m'inquiétait, il était vraiment surmené.
Et moi, et moi...
Je ne trouvais rien de mieux que de lui prévoir un petit resto surprise, et le persuader de voir les illuminations.
Oui, bien sûr qu'elles ont repris, faut juste attendre la nuit. T'inquiète pas voyons, j'ai vérifié. Y'a des nouvelles scénographies en plus. Ça va être chouette !
Mon enthousiasme avait eu raison de lui, alors qu'il aurait préféré se coucher tôt, le printemps le fatiguait suffisamment.
Mais le journal local numérique était formel, et je me demandais comment avais-je pu lire autre chose : "de nouveaux lieux, de nouvelles histoires, un nouveau prestataire à découvrir en famille en septembre. En attendant, les anciens spots sont encore visibles jusqu'à l'été ! On attend des visiteurs de toute ..."
L'article ne répondait pas à mes questions. Comment s'emmêler les pinceaux à ce point ?Je savais juste qu'il comptait que je ne réitère pas. À coups sûrs.
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