Première fois...

Je tourne et me retourne dans mon lit, mais rien à faire : Morphée refuse obstinément de m’emporter.

Après quinze longues minutes à chercher la meilleure position et le sommeil, j’abdique et rallume la lumière. Les ombres dansent sur mon mur ; comme une gosse, je m’invente des histoires de monstres qui font peur. Tout ça pour juste une chose : éviter de penser à demain. Demain. Peut-être le jour où je prendrais ma première… fessée. Rien que d’y penser, je rougis comme une vierge effarouchée. Ridicule ! Je m’étais pourtant promis d’assumer et d’arriver à dire ce mot – mot terrible, s’il en est ! – avant de vous rencontrer, Monsieur… Mais force est de constater que je n’y arrive pas et je sais d’avance que vous vous délecterez de mon trouble comme un gros chat devant sa soucoupe de lait ! J’en frémis déjà, je n’ai pas envie de ravaler mon humiliation en me butant, tout ça pour masquer ma gêne, pourtant je crois que je ne saurais avoir d’autre réaction.
Je vous avais crânement assuré que l’approche de la date fatidique ne me faisait ni chaud, ni froid – vous en sembliez vexé d’ailleurs… à moins que vous aussi ne simuliez ? – et que je ne voulais rien projeter de crainte d’être déçue car après tout, le feeling pourrait ne pas être aussi évident de visu … Eh bien, Monsieur, je suis en train de manquer à ma parole : mes pensées me ramènent inexorablement à une certaine histoire de paume épousant ma croupe. Comme si inconsciemment je vivais ce moment depuis toujours, la scène se déroule devant mes yeux et mon alter ego se fait corriger comme jamais.
Réveillée en sursaut quelques minutes avant mon alarme, je maugrée en me frottant les yeux. J’aurais pu dormir huit minutes de plus, je suis vraiment bête de stresser d’être en retard de la sorte. D’humeur grincheuse, je tente de profiter encore un peu de la chaleur de mon édredon, mais le cœur n’y est plus et il n’est pas déjà sept heures, que je suis déjà frustrée… Une belle journée en perspective donc ! L’horloge tourne et je traîne encore un peu au lit… Regardant une énième fois mon réveil, je me résous à me lever : j’ai déjà perdu une heure à paresser.

Bravo Clarisse, je te félicite !

Je fais chauffer la bouilloire et constatant le malheureux quignon restant, j’ouvre un paquet de gâteaux. Je mâchouille mes madeleines en attendant que mon thé brûlant refroidisse mais l’appétit ne vient pas en mangeant, le dicton est faux et on me ment depuis mon enfance ! Une fois mon petit-déjeuner vite expédié, ma couette me rappelle, sous le prétexte fallacieux de digérer au calme. Mais je résiste miraculeusement et me glisse sous le jet brûlant d’une bonne douche. Après des ablutions dignes de la plus grande reine d’Égypte, je m’habille. Je refuse d’être l’une de ces filles qui sortent toutes leurs affaires de leur penderie avant un rendez-vous et qui se lamentent car elles n’ont rien à se mettre ! Je fais comme si aujourd’hui était un jour comme les autres, comme si je pouvais tromper mon anxiété en agissant normalement. Un coup d’œil à l’horloge m’indique qu’il me reste beaucoup de temps à tuer et m’empêchant de réfléchir à ce qui se passera (sûrement ?), je décide sur un coup de tête de briquer de fond en comble mon petit studio. Au moins, ça m’occupera ! Après avoir tout nettoyé et rangé, je m’assois pour contempler mon travail : je suis satisfaite. Un peu fatiguée, j’ai la tentation de m’allonger cinq minutes lorsque mes yeux se posent sur mon réveil, je me relève d’un bond : je vais être en retard. Un comble pour une fille qui aurait pu être en avance vu l’heure à laquelle je me suis réveillée. Machinalement, je passe une main sur mon visage, consternée par mon mauvais timing : mes doigts et mes habits sentent le détergent et ce n’est pas franchement sexy. Je file me changer et me savonner les mains, j’en profite pour mettre un peu de parfum pour masquer un peu l’odeur d’eucalyptus. Un passage éclair devant le miroir me renvoie une image à peu près acceptable. Je secoue la tête, j’ébouriffe mes cheveux mais ça n’a pas le résultat escompté alors je tire la langue à mon reflet pour me donner du courage. En dévalant les escaliers de ma résidence, je ne peux m’empêcher de penser à la fessée promise, si d’aventure, j’ose vous tirer la langue tout à l’heure. Un frisson électrique me parcourt l’échine et je m’ébroue : bouge-toi, ce n’est pas le moment de rêvasser !
Au cours de nos nombreux échanges, Monsieur, vous avez particulièrement insisté sur cette vertu que vous révérez : la ponctualité. Évidemment, je n’ai pu me retenir de vous taquiner en vous promettant d’être en retard pour vous faire plaisir, ce à quoi vous avez répondu froidement que dans ce cas, il valait mieux pour moi de savoir compter jusqu’à cent à haute et intelligible voix. Je n’en menais pas large, pourtant j’ai préféré fanfaronner en vous disant que les chiffres n’étaient pas ma came et qu’il n’était pas né celui qui y arriverait. Vous avez alors tenu le pari et à présent sur le chemin de la gare, je sais que je n’aurais peut-être pas le dernier mot, cette fois.
Les dieux de la SNCF sont pour une fois avec moi : votre train est annoncé sur le panneau d’arrivées avec quinze minutes de retard. Vous ne m’attendez que depuis cinq petites minutes. Heureusement. Je crois que même sans avoir vu votre photo, je vous aurais reconnu. En tout cas, lorsque je croise pour la première fois votre regard, je bénis le port du masque obligatoire, il vous empêche de constater mes joues en feu et mon sourire niais qui squatte mes lèvres. Nous nous saluons de la tête gentiment puis les choses sérieuses commencent. D’un ton pince-sans-rire, vous me reprochez mon retard et ne sachant sur quel pied danser, je choisis la désinvolture et vous rappelle qu’avec une ardoise aussi remplie, on ne va pas chipoter pour quelques minutes. Je sens que mon audace vous plaît.
Vous plaira-t-elle autant lorsque tout à l’heure, sur vos genoux, j’oserai encore ergoter ? Rien n’est moins sûr !

Devisant agréablement, nos pas nous mènent dans le petit square à côté de chez moi. Je pensais que nous nous poserions sur un banc mais non, nous faisons le tour du parc et puis arrivés à l’entrée, vous me regardez d’un air entendu et je hoche timidement la tête. Je continue à babiller, comme si de rien n’était, tout en nous emmenant chez moi. Je vous ai prévenu que ce n’est pas grand mais vous n’avez pas l’air de vous en formaliser. Je vous propose ma chaise de bureau et vous sers un verre d’eau puis je vais me poser nonchalamment sur mon lit. Je feins excellemment bien la décontraction, en tout cas, pour le moment. Nous bavardons encore un peu, mais l’ambiance change imperceptiblement. Vous vous êtes levé pour vous resservir un verre. Vous occupez l’espace à arpenter ainsi mon studio, et assise en tailleur sur mon lit, je me sens toute petite. J’ai envie de rentrer ma tête dans mes épaules mais fièrement, je m’en empêche et adopte une attitude détachée. C’est bien simple, même un Anglais envierait mon flegme !
Mais vous non plus, vous ne vous démontez pas. Vous buvez distraitement, tout en ne manquant pas de m’interroger sur tel ou tel sujet. Habilement, vous prenez le contrôle : vous posez les questions et puis moi, je réponds, docilement. Parfois mon ton est légèrement impertinent mais vous ne relevez pas pour le moment. Une autre chose vous chiffonne : vous me demandez alors pourquoi ai-je poussé la provocation à avoir mis mon sarouel et mes tongs dont vous avez une sainte horreur. Seul mon sourire irrépressible vous répond. Vous posez votre verre à côté de l’évier. Je sens que le jeu peut enfin commencer. À présent immobile et d’une voix qui ne souffre pas de réplique, vous m’ordonnez d’approcher. J’obéis prudemment.

« Plus près Clarisse ! »

Je sais alors pertinemment que je suis dans de sales draps, j’obtempère en soufflant car je sens bien que si je renâcle, ça risque de doubler la mise. Enfin à votre hauteur, vous me giflez.

« Ça, c’est pour ton sarouel. »

Vous m’aviez prévenue, plusieurs fois, que je risquais d’en prendre une si j’osais mettre ces frusques honnies par vous, mais elle me désarçonne malgré tout. C’est une claque pas si forte que cela et pourtant mon ego est blessé. Puis, sans préavis, vous me penchez sous votre bras et vous me mettez une première bonne petite fessée.

« Ça, pour ton retard, jeune fille. »

Puis, vous vous asseyez, me basculant sur vos genoux. Je suis tellement surprise que je n’ai même pas le temps de protester. Vous attrapez une de mes tongs et vous me fessez avec. Plus fort, plus appuyé. Okay, j’ai compris le message, je m’habille autrement la prochaine fois.

« Et ça, pour tes tongs, petite garce ! »

Vous me libérez et je me remets debout, évitant soigneusement votre regard. Je retire machinalement la tong que j’avais encore au pied. Et vous en profitez pour me demander de faire de même avec mon sarouel. J’ai un moment d’hésitation : je m’apprête à obéir quand je prends enfin conscience de ce que cela implique … Je vais me retrouver en culotte devant vous, vous que je n’ai vu que depuis quelques heures mais vous que j’ai déjà la sensation de connaître pourtant. Je suspends alors mon geste, perdue dans mes pensées.

« Tu veux de l’aide, princesse ? »

Brutalement sortie de mes tergiversations, je vous fusille du regard.

« Je te conseille de baisser les yeux immédiatement. »

Votre voix est calme et pourtant je sens l’orage arriver. Vous vous approchez de moi et vous baissez mon pantalon. Je ferme les yeux. J’encaisse l’humiliation en silence. Mais lorsque vos mains remontent sur ma taille et que vous faites mine de vouloir retirer mon haut, je ne peux retenir un pas en arrière. Juste un réflexe qui me fait reculer presque malgré moi. Nos yeux s’accrochent pour une fois. Vous vous avancez, un peu. Je comprends bien que je n’ai pas vraiment intérêt à me dérober encore, alors je me force à rester statique. Vous me prenez par le bras, gentiment mais fermement, pour me ramener jusqu’à mon tapis au milieu de la pièce. Nos dernières conversations me reviennent alors en mémoire et je comprends aussitôt ce que cela signifie. Et comme prévu, je n’y coupe pas.

« À genoux, Clarisse. »

Bien que je m’y attendais, votre voix me fait l’effet d’une bombe. Je n’obéis pas. Je ne sais pas comment faire. Je ne sais même pas si j’ai envie de le faire. Je reste debout sur mon tapis ne sachant pas vraiment comment cette partie va se jouer.

« Obéis ou ça risque de vraiment faire mal. »

Je savais bien que cette première séance ne serait sûrement pas une sinécure. Ma note s’est rapidement transformée en ardoise et à présent, elle ressemble plus à un tableau d’amphi. Vous avez envie d’être sévère et je crois que je partage cet avis. Soudain, me surprenant moi-même, je me laisse tomber à genoux brusquement. Le tapis atténue le choc dans un bruit sourd. Mes rotules n’ont pas dû apprécier mais c’est le cadet de mes soucis pour le moment. Je suis à genoux devant un mec que je rencontre pour la première fois : je me traite mentalement de folle. Je ne connaissais pas cette posture, eh bien c’est chose faite, à présent ! J’essaie d’oublier votre présence, de faire le vide dans ma tête, mais cela reste difficile.

« Bien. Cela fait plusieurs mois maintenant que tu me défies à distance, Clarisse … Tu conviendras donc avec moi que tu mérites une punition, n’est-ce pas ? Alors accepte le et demande la moi gentiment comme la gentille fille que tu deviendras après ta correction. »

Vous me parlez comme à une enfant, articulant exagérément comme pour mieux imprimer ces mots dans ma caboche. Mais bien évidemment, je reste muette, occupée à fixer une tache imaginaire sur le carrelage. Carrelage immaculé que j’ai nettoyé le matin même.

« Ton silence est évocateur, jeune fille. Bien, comme tu voudras. Lève les bras ! »

Votre ton est plus ferme qu’auparavant. Une petite voix dans ma tête continue à me dire que je suis folle, que c’est un jeu pas drôle, juste une mascarade ! Elle s’emballe et me rappelle que je peux me lever quand je le veux et me rhabiller. Je veux que tout cela s’arrête, ne plus être là … Et pourtant, mes yeux vous regardent craintivement, Monsieur. Et mes bras se lèvent. Mon corps vous obéit mais mon esprit vous résiste encore. Au lieu de vous précipiter de crainte que je ne change d’avis, vous prenez votre temps. Et c’est dans cette lenteur que vous asseyez le rapport de force. Mon T-shirt finit par quitter mon corps. Il est à présent entre vos mains, comme pour me rappeler que vous l’aviez simplement voulu.

« À présent, jeune fille, que mérites-tu ? »

Je rougis bêtement. Il me reste que ma petite culotte. Et je suis devant un inconnu. Pourtant, mes pensées sont ailleurs : j’espère seulement que les voisins ou les passants du couloir n’entendent pas comment vous vous adressez à moi. C’est ridicule. Dans quelques instants, je vais recevoir une sacrée tannée et je m’inquiète pour quelques mots. Je n’arrive pas à vous demander la fessée que je mérite. Pas uniquement par défi… J’ai trop intériorisé la situation pour savoir encore comment produire un son.

« Comme tu voudras. Lève-toi ! »

Comme un jouet mécanique, je me mets debout. Je manque de perdre l’équilibre mais vous me retenez gentiment. Votre douceur me déboussole, elle contraste avec vos menaces et autres promesses… Vous vous asseyez sur mon lit et me placez sur vos genoux.

« Je te préviens, Clarisse : tu vas prendre la fessée que tu mérites à la main et à la canne… »

Et chose dite, chose faite. Les claques tombent. Pas si doucement, d’ailleurs. Mais, je sers les dents et j’encaisse. J’essaie de m’évader mais vous m’en empêchez, votre voix et vos questions me ramènent inexorablement hic et nunc… Mon palais mental m’est alors inaccessible.

« Ça, tu n’y couperas pas ma petite. Par contre, si tu tiens à recevoir du cuir aujourd’hui, tu devras te faire violence et me le demander poliment, à genoux… Sinon, tant pis pour toi ! Je n’ai pas dit que ce serait facile, mais ce sont mes conditions. »

Mais quel connard ! Jouer sur mes points faibles ainsi !
Je suis novice en la matière pourtant je sais instinctivement que je n’aime pas le bois. Et que le cuir me rendra électrique…
La fessée redouble d’intensité et je commence à la sentir. Ce n’est que le début, en plus. Vous continuez votre office, Monsieur mon bourreau. Puis vous me remettez debout.

« Les mains sur la tête. Et baisse les yeux, je te prie. »

Je vous lance un regard assassin mais j’obtempère en soupirant. Une claque sur la cuisse me rappelle à l’ordre. Vos doigts font glisser lentement ma culotte le long de mes jambes. D’un simple geste, vous me signifiez que je peux la retirer complètement. Alors, je la chasse avec mon pied. Et j’essaie d’oublier qu’à présent je suis complètement à poil… ma chatte exposée et presque à la hauteur de vos yeux. Vous me demandez d’écarter les jambes et j’obéis… un peu.

« Plus ! »

Votre ordre claque dans le silence de ma chambre. Peut-être même plus qu’une tape, d’ailleurs ! Tout en me demandant pourquoi je ne vous envoie pas balader une bonne fois pour toute, je m’exécute, pourtant.

« Bien, Clarisse. Tu vois quand tu veux ! »

Oui, bon n’en rajoutez pas trop quand même… Vous risqueriez de m’énerver.
Mon sourire crispé est ma seule réponse à votre pique. Vous promenez, l’air de rien, vos mains sur mon corps. Puis vous me demandez quel effet ce début de séance me fait. Mes joues se colorent violemment. Je ferme les yeux en baissant la tête et lorsque je les rouvre, c’est pour planter mes prunelles dans les vôtres.

« Aucun, Monsieur. »

Évidemment, ce n’est qu’une bravade et vous n’êtes pas dupe, pourtant, vous vous prenez au jeu.

« Vous êtes certaine, Mademoiselle ? »

« Bien sûr, Monsieur. »

Je sais bien que je m’enfonce, mais c’est plus fort que moi…

« Vous êtes en train de me dire que si j’effleure votre intimité, mes doigts resteront secs ? »

« C’est cela même, Monsieur. »

Ma dernière réplique est plus hésitante. Vous avez glissé votre main dans ma toison et nul besoin d’aller plus loin pour constater l’évidence…

« Ainsi, c’est cela que vous appelez sec… Intéressant. »

Un petit sourire gêné vous répond. Il semble que j’aie perdu ma langue… Vos doigts continuent de parcourir ma chatte pour enfin aller au plus près de la source. Mes yeux s’écarquillent lorsque vous posez votre pouce sur mon clitoris et que votre index et votre majeur viennent s’appuyer contre l’entrée. Je coule. Vous retirez votre main que vous essuyez contre ma cuisse.

« Ça se passe de mots, je crois. »

Vivaldi se met soudain à résonner dans ma chambre. Je sursaute avant d’attraper mon téléphone pour éteindre la musique.

Quoi ?! Déjà sept heures ! À croire que j’ai passé la nuit à fantasmer…

Vite, il faut que je me dépêche pour ne pas être en retard ! J’allais me lever quand mon rêve éveillé me revient en mémoire : ou peut-être que si, finalement. Un sourire malicieux accroché aux lèvres, je me rallonge et me prélasse encore un peu.

(À suivre ? Si ma muse n’est pas trop capricieuse… – Sinon, FIN !)


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