Le fin mot de l'histoire

Aujourd'hui, tu m'as punie. Uniquement parce que je te l'ai demandé. Ou presque. Je voulais quelque chose qui marque mon esprit. J'en avais besoin. Je me sentais tellement conne. En colère contre moi d'éprouver cette honte et de ne pas être capable d'en rire.
Je suis arrivée chez toi complètement fébrile. Fragile, je sursautais pour rien et pour tout. Je partais au quart de tour à tes taquineries. Je m'excusais pour rien et pour tout. Inhabituel. Ça a fini par t'agacer. Je n'étais même pas acide comme lorsque j'étais en colère. Mes piques n'étaient que de pathétiques coups d'épée dans l'eau. Ma répartie n'était que l'ombre d'elle-même. Insupportable pour toi. Tu as fini par me sommer de t'expliquer. J'aurais aimé un câlin. Mais je n'arrivais pas à te le demander. Ça m'aurait coûté un trop gros effort. Prendre le risque d'un refus m'aurait achevée. J'ai persisté à te dire que j'étais juste crevée et que tu te faisais des idées. Tu commençais à ne plus apprécier que je ne te fasse pas assez confiance pour me confier. Je m'en moquais… ou presque. J'étais dans mon cercle de pensées vicieuses. Tu y étais absent. Et puis j'ai dit la phrase de trop. Un bel acte manqué.
"De toute façon, je suis trop conne. Tu vas te lasser."
Je me suis retrouvée en équilibre sur ton genou. Dieu sait comment. Tu me fessais durement. Inerte, je ne bronchais pas. Je ne sentais pas grand chose. À part ta colère. Tu détestais les grossièretés et m'entendre me dévaloriser. J'avais fait un strike. Trouver la fessée que je n'arrivais pas à formuler. Je ne battais pas des jambes. Je ne me demandais même pas à combien de centimètres du sol tu m'avais surélevée. Ni si en glissant un peu vers l'avant, je pourrais me dérober à ta prise. Je m'en fichais alors. Maintenant, j'aurais envie de savoir. J'avais simplement l'impression que tout était à sa place. Même si ça ne me soulageait pas comme avant. Mon immobilité, celle que tu me réclamais pourtant parfois, a eu raison de ton irritation. Tu ne savais plus comment réagir. Tu me reposas alors.
"Tu as compris ?"
Complètement groggy, je laissai ma tête dodeliner. C'était ce que tu attendais. Et puis soudainement, une telle bouffée de reconnaissance. Un sourire, un merci. Des larmes aux yeux que je m'efforçais de ne pas faire déborder.
Les vannes et la carapace. Rupture. Je voulus me jeter dans tes bras. Que tu ne me regardes pas ; je devais être affreuse. En réalité, rien de tout ça. Je riais comme une démente. Ma nervosité passerait par l'hilarité, cette fois. Je marmonnais des mots entre deux fous rires. Tu ne comprenais rien ou presque. Seulement que j'avais besoin de relâcher la pression. Tu me laissas le temps qu'il fallait. Suintant le malaise, mon rire n'avait rien de communicatif. Je m'en moquais de sonner tellement faux. J'étais dans ma bulle.
Soudain, je m'étais tue. Sans prévenir, j'éclatai en sanglots.
Jeanne qui rit, Jeanne qui pleure.
Je me jetai dans tes bras. Tu ne me rejetas pas. Surpris, ton accueil n'était que distant mais j'avais perdu ma pudeur et ma fierté. Je m'en moquais. Tu m'avais toutefois consolée à ta manière. Attendant que je me calme. Tout contre toi, je t'avais alors tout raconté.

À la gare. Mon train a eu du retard. Je loupe ma correspondance. Je montre mes billets au contrôleur pour savoir comment rentrer à présent. Les réservations sont closes et le hall bondé. Panique. C'est pas ma faute pour une fois. Il ne sait pas. Il prend mon téléphone pour aller voir son supérieur. Il revient vers moi ensuite pour m'indiquer mon nouvel itinéraire. J'ai perdu une heure, ce n'était pas la mort. Soulagement. Je voyagerais probablement debout. Tant pis. Un grand sourire, merci et direction mon nouveau wagon. En regardant l'heure sur mon téléphone, je vois ton message. Celui où pour toutes mes bêtises, tu me promets les plus doux châtiments. Tu m'allumes complètement. Je suis dans une gare, je m'en moque. Je dois faire attention, aller trouver mon nouveau train. Tant pis. Et puis, soudain : douche froide. Ils l'ont vu. Je rougis autant que je blanchis la seconde d'après. Une envie de partir loin. Putain de journée. J'essaie de me rassurer. De ne pas pleurer. Ni vomir. Allez, voyons réfléchis. Ce message date d'il y a sept minutes. Je suis descendue du TGV, il y a environ dix minutes. Le temps que je trouve ce maudit contrôleur, six ? sept ? huit ?
Ah mon Dieu, ça va me rendre tarée. Je me voile la face ou mes calculs sont bons ? Il y a une probabilité pour que ce message qui me fait tant d'effets ne soit pas souillé par des yeux indiscrets et indésirables ?
Je ne t'en veux même pas. C'est moi et juste moi. C'est pire. Tu n'es pas dans l'équation. Je me torture pendant tout le trajet. Et j'arrive chez toi. Je n'arrive pas à te parler. La suite, tu la connais…


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