Antisèche

J'avais triché à mon partiel d'allemand et comme une idiote, je m'étais sentie obligée de lui avouer avant même qu'il ne me dise bonjour.
J'avais mille excuses : toute la promo l'avait fait et comme on est noté les uns en fonction des autres, si je récoltais un douze habituellement, là je n'étais pas sûre d'avoir la moyenne. Aucune ne l'avait convaincu. Il m'avait même fait dire que je n'avais pas travaillé, ce qui était assez vrai mais d'habitude, je n'en avais pas besoin pour valider et je ne visais pas vraiment plus haut. Il m'avait promis une punition d'anthologie. Et au lieu de me foutre gentiment, mais ouvertement, de sa manie à toujours exagérer, là, j'avais juste envie de me cacher. Oui, Monsieur. Bien, Monsieur. Pardon, Monsieur. Culpabilité insupportable. Juste faire profil bas.
Et puis, j'avais eu peur de me faire gauler. Époque covidique oblige, le partiel s'était fait à distance, non par obligation mais parce que la prof, ayant goûté aux joies du télétravail, avait beaucoup de mal à se résoudre à se retaper les transports en commun bondés alors qu'elle pouvait tranquillement rester chez elle. Pensant nous piéger, elle nous avait expressément demandé la webcam ; j'avais alors réduit la luminosité de ma chambre au maximum, allumant uniquement ma lampe de chevet à l'autre bout de la pièce : elle ne pouvait donc rien capter. On aurait dit une pro ! Mais je n'en menais pas large, je n'avais pas l'habitude et je suais à grosses gouttes derrière mon écran. Et puis, parano comme je l'étais, mille questions se bousculaient au portillon : j'avais fait des copier-collers comme une idiote et si le questionnaire remarquait mes réponses trop rapides ? Bon, évidemment rien de tout cela, j'avais eu seize - plus aurait été (vraiment !) suspect - et les compliments de la prof. Non mérités, j'avais esquissé un sourire forcé. Alors, je m'étais sentie obligée de tout lui dire pour faire passer ce goût amer qui polluait mon appétit.
On devait se voir bientôt : à la fois, ça me soulageait et en même temps, ça m'angoissait. Il m'avait fait mettre à poil, au coin, à distance. Pour une fois, sans vidéo ou photo. Il se fichait de la preuve. Je devais y rester quinze minutes, si je ne le faisais pas, tant pis pour moi. Ce n'était qu'une mise en bouche, de toute manière. Rien ne remplacerait la punition de visu. Je m'étais exécutée, je l'avais déçu en me laissant entraîner dans cette histoire de triche qui ne me ressemblait pas, je n'allais pas aggraver mon cas. En plus, ça aurait remis en cause les fondements mêmes de notre relation, jamais je ne pourrais lui mentir, sinon autant tout arrêter dès à présent.
Il était arrivé chez moi la mine sombre. Pourtant curieusement, il flottait quelque chose de joyeux autour de lui. Un truc qui me donnait presque envie de lui sauter au cou. Un regard appuyé m'en dissuada. Il était là pour mes bêtises, il n'allait pas apprécier cette familiarité. Même si me punir et surtout me voir abdiquer sans presque rechigner ne serait pas un sacerdoce pour lui. Il devinait déjà qu'il pourrait tout exiger, tant je n'étais pas en position de lui refuser. Et cela, il le savourait.
Je baissai le regard face à son insistance. J'avais envie de lui parler mais tout restait bien au chaud, à l'intérieur de mon gosier.
D'un claquement de doigts, il me fit asseoir à mon bureau. Pour la première fois, ou presque, j'obéissais. Il me fit faire des lignes.
"Je suis une vilaine petite tricheuse."
Je rougissais tout ce que je pouvais. Mes larmes menaçaient. Je me forçais à faire bonne figure, je ne voulais pas craquer. Pas devant lui. Les lettres accrochaient. Le sens des mots me marquait. Ne pas y penser. Ne pas y penser...
J'avais envie qu'il fasse un geste vers moi, me dise que ce n'était pas si grave, j'allais passer un petit moment délicat mais pas de quoi fouetter un chat. On passerait à autre chose, bientôt. Mes yeux, quand j'osais le regarder, lui adressaient une supplication muette. À laquelle, il ne voulait pas répondre. Il s'évertuait à me laisser sur le fil, tournant autour de moi pour me déconcentrer. J'essayais de masquer les petites ratures. Il me chuchotait ses envies dans le creux de l'oreille. Me faisant rêver, me laissant prête à m'abandonner à ce qu'il voudrait. Et puis, il me rappelait que puisque j'avais été vilaine, on allait devoir oublier ce joli petit programme. Me punir prendrait tout notre temps. J'étais en train de tremper ma petite culotte, il allait encore me gronder quand il s'en apercevrait. J'en rougis davantage. Des gouttes de sueur coulaient dans mon dos. Ma transpiration allait me trahir. La peur, la honte et le désir. Tout se mélangeait. Il me sermonnait : fais donc plus attention ou tu veux recommencer ?
Il m'attaquait sur mon terrain, mon orthographe et ma calligraphie. Il savait que ce que je mettais derrière tout cela et ne se privait pas de me titiller là-dessus. Si même ça n'allait pas, il me resterait quoi ? 
Je fis encore une vingtaine de lignes, sous son regard tatillon. Voyant ma tentative de faire abstraction du sens profond des phrases, il poursuivit par une dictée. Appuyant sur les mots les plus percutants. J'avais envie de lui hurler de se taire mais je restais muette. Je laissai échapper un long soupir agacé par mégarde. Il me saisit par les cheveux, renversant ma tête en arrière et plantant ses yeux dans les miens. Il ne dit rien, il n'avait plus besoin de toute façon. Je réprimai un couinement et une grimace d'inconfort. Il renforça sa prise. Impossible de me taire, je criai. De surprise plus que de douleur. Son sadisme en fut satisfait. Je me sentis obligée de lui présenter mes excuses pour avoir soupiré. C'était inconvenant. Il desserra un peu sa poigne avant de me lâcher.
"Je ne veux plus t'entendre. Quand on se comporte ainsi, on se tait."
Je hochai piteusement la tête. Via sa dictée et sa correction, il me faisait lui demander une punition. Je ne me serais pas sentie aussi stupide, j'aurais sans doute poussé le vice à modifier quelques mots de son énoncé mais là, je n'étais qu'un automate qui priait pour ne pas faire de fautes ou trop de ratures.
Il me fit mariner quelques temps, pendant qu'il me relisait. Il griffonnait des choses en rouge sur mon petit cahier. Bluff ? Je voulais encore y croire en attendant sa sentence.
"Ça ira pour cette fois. Aux prochaines lignes aussi brouillonnes, tu recommenceras. C'est clair ?"
J'acquiesçai, mi-soulagée, mi-inquiète. Je ne savais pas qu'il aimait ce style de punitions. Infantilisantes et stériles. On jouait entre adultes jusqu'à présent...
Il me fit écrire une dernière fois sa phrase de vilaine petite tricheuse puis il me demanda de la découper sous forme de bande. Qu'allait-il encore inventer ?
Je ne tardai pas à le savoir.
Le papier en main, je le suivis docilement au milieu de la pièce. Il m'intima alors de le cacher dans ma chatte. Estomaquée, je restais pétrifiée. Prenant cela pour de la défiance, il ouvrit mon placard et trouva rapidement où je cachais ma cravache. Il réitéra son ordre. J'avais envie de me jeter à ses pieds mais je n'esquissais pourtant aucun geste. Un coup sur la cuisse me sortit de ma torpeur. Je le suppliais vainement. Au bout d'une petite dizaine de coups de cravache, je compris que j'allais céder avant lui. Je voulus me retourner par pudeur et vexation. Il m'en empêcha.
"Devant moi."
Non, mais non... Je gardais mes gémissements pour moi. Je me mordillais les lèvres, essayant de trouver un moyen de m'en sortir. Mes doigts tordaient le fichu papier. Il allait se déchirer si je continuais. Je cessai. Je baissai un peu mon pantalon lui laissant le loisir de découvrir ma culotte. Il m'avait vue à poil un nombre incalculable de fois et pourtant, j'avais l'impression que c'était comme la première fois. Glissant une main dans mon shorty, j'essayais d'être le moins dévêtue possible. Mon manège l'amusa un temps. Un coup de cravache siffla la fin de la récré.
"Pantalon aux chevilles. Dépêche-toi."
Je secouai la tête et reçus une autre cinglade. Tremblante, je continuais de refuser. En soupirant, il s'approcha. Je fis un pas en arrière. Me rattrapant par le bras, il baissa lui-même mes vêtements. J'aurais dû le mordre, le griffer, me débattre, lui hurler dans les oreilles, mais je me laissais faire, encaissant tant bien que mal l'humiliation. Je savais en outre que ce n'était que le début. Si pour mon pantalon, ses mouvements étaient brusques, il prit son temps pour faire glisser ma culotte à mi-cuisse. Je n'osais plus bouger, retenant presque ma respiration. Devinant déjà la tache sur le tissu, j'attendais sa remarque mordante. Bizarrement, il ne me dit rien, c'était pire. Il glissa son doigt sur ma fente avant de l'essuyer sur ma cuisse nue. J'avais envie de disparaître. Ça aurait été d'un érotisme fou, justifiant la goutte qui menaçait de s'écraser sur le parquet, s'il ne s'ingéniait pas à me faire sentir comme une sale gamine prise en faute.
Il saisit ma main tenant son maudit papier, et la guida vers ma chatte. Comme si je ne connaissais pas le chemin. Mon corps se tendait malgré moi, presque parcouru de spasmes. À force de planter mes dents aussi méchamment dans ma lèvre, je m'étonnai qu'elle ne saigne pas encore.
Je ne retins pas mon gémissement quand son doigt ouvrit l'entrée, glissant aussitôt les miens, pinçant le papier. Trois. Mon bassin voulait s'abandonner à ses caresses. Moi, j'avais envie de pleurer. Je reniflais déjà. Il prit soin de mettre son pense-bête suffisamment loin. Puis s'écarta de moi, admirant son œuvre. Je fuyais son regard lubrique, qui me promettait tant de frustration.
"Bien, puisque Mademoiselle est prête. Nous pouvons commencer."
Et pendant une heure, on a fait quoi ? Du tricot ? Je me retins de justesse de rouler les yeux au ciel, il avait encore la cravache à sa portée.
"Les tricheuses, c'est comme les voleuses, d'une certaine manière. Elles doivent se soumettre à un examen minutieux."
Je fermai les yeux pour trouver le courage d'accepter ce qu'il avait prévu. Un non mourrait déjà dans ma gorge.
D'autorité, il me plaqua contre le mur. Je grognai mais je restais immobile. Il fourragea dans ma tignasse, comme s'il pouvait y trouver les preuves de ma triche. Mes mains en évidence, il palpait le haut de mon corps frêle avec un zèle qui aurait fait rougir un douanier. Il avait empoigné mes fringues au niveau des aisselles, ne pouvant plus ignorer combien il arrivait à me stresser. J'en mourais de honte, cherchant à esquiver la suite. En riant doucement, il avait renforcé son entrave. Bloquant ses hanches contre mes fesses. Notre petit jeu semblait lui plaire. Y voyant une possible ouverture, je me trémoussai un peu, l'air de rien. Il me tira les cheveux en guise d'avertissement. Rembarrée ainsi, je n'osais plus l'aguicher, le laissant continuer sa fouille au corps, à sa guise. Pressée contre la cloison et son corps, je dégoulinais de sueur et d'envie. Et il me faisait mariner dans ma frustration. Par dessus mon t-shirt, il me pinça un téton, juste pour le plaisir de m'entendre crier. Il redessinait mon ventre, lui inventant des abdos imaginaires. Il malaxa mon cul dans une sorte de palper-rouler imposé. Mes cuisses eurent quasiment le même traitement. Le plus terrible était le silence qui régnait dans la pièce, alors que sous mon crâne habitait un joyeux brouhaha. Il ne semblait pas entendre mes soupirs et autres gémissements haletants.
Ma culotte avait rejoint mon pantalon à mes chevilles. Il termina son inspection par mes mollets qu'il griffait un peu en passant puis me gratifia d'une claque sur le cul.
"Allez jeune fille, c'est terminé."
Il me laissa savourer mon soulagement étonné avant de se raviser.
"Ah mais j'allais oublier le plus important."
Je me disais aussi que c'était trop beau pour être vrai. Sans me laisser plus le temps de cogiter, il écarta mes fesses sans douceur pour plonger ses doigts dans ma toison, tirant parfois dessus. Je n'arrivais plus à rester stoïque et silencieuse. Oui, il me faisait mal et surtout il blessait mon ego et oui, il en aurait confirmation, tant pis. Je n'osais pas trop gigoter, de peur que ce soit pire. À présent son index tournait dangereusement autour de mon anus. Je me raidissais rien qu'à cette idée. Il prit son temps pour me détendre un peu et puis s'engouffra au moment où je pensais qu'il renoncerait. Je soufflais bruyamment pendant qu'il me fouillait.
"Tu ne l'as quand même pas cachée là, n'est-ce pas ?"
Échevelée, je secouai la tête en guise de réponse. Il ressortit me laissant reprendre mes esprits.
"Attends, tu permets que je revérifie..."
Joignant le geste à la parole, il se fit moins doux. J'avais envie de lui promettre illusoirement que je ne ferais plus de bêtise et que j'avais compris la leçon. De toute façon vu comment il m'excitait, le papier risquait de glisser tout seul...
Une antisèche qui porterait décidément bien son nom.



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