À brûle-pourpoint

"On dirait parfois que tu le fais vraiment exprès..."

Je rougis tout ce que je peux. 
Non, pas cette fois-ci pourtant... 
Je n'agace jamais autant que lorsque ce n'est pas prémédité. Ma nonchalance et ma désinvolture, pourtant factices, t'ont irrité. Je souris, gênée. Je sens que tu interprètes de travers mes lèvres qui s'étirent. 
Que veux-tu que je te dise ? Quoi que je fasse ça ne va pas... Je t'exaspère.
Tu me tires de ma chaise, par le bras. Je résiste un peu, surprise. Je ne savais pas que tu avais envie de m'en mettre une. Je pensais m'en tirer avec un sermon, ou au pire une claque. J'avais un peu ergoté, certes, mais ce n'était pas pour t'embêter. C'était juste une discussion banale pour moi. Et puis, je sentais que j'avais raison, de toute façon. Mon esprit est assez rigide quand tu ne l'assouplis pas au cuir, tu sais. Mon corps, si raide et mou à la fois, a été placé sur tes genoux. Ça risque de durer longtemps, autrement, tu m'aurais juste penchée sous ton bras pour un rappel à l'ordre express. Heureusement que je n'avais rien fait.
Toutefois, passé l'effet de surprise, je me laisse entièrement faire. Je m'abandonne sous tes doigts. Je te laisse me déculotter et me claquer directement les fesses sans préliminaires. Je t'insupporte sans le vouloir, ça me chagrine. Peut-être que cette fessée va chasser mes nuages. Je n'avais rien cherché. Pour une fois. Je sais bien que j'ai un petit côté horripilant, légèrement bêcheuse. Et j'en joue. Pour te trouver. Mais ne pas connaître mes armes, dégoupiller ma grenade involontairement me désarçonne. Mon désarroi aurait pu me mettre en colère. Ton injustice, d'autant plus. Mais, là, l'inversion ne fonctionne pas, je reste seulement triste. Et puis, imperceptiblement, ton humeur s'éclaircit. Ma docilité t'étonne. Elle n'est pas feinte pour une fois. Alors tu ralentis. Tu te surprends à vouloir glisser tes mains plus bas. Mon corps t'obéit. J'écarte les cuisses. Ta punition m'a rendu réceptive. Si ma tête se faisait du mauvais sang, ma chatte, elle, n'avait pas ces états d'âme. Je n'ai même pas senti tes claques sur mon cul, j'étais juste avec ma culpabilité de n'être pas capable de ne pas t'énerver malgré moi. Je n'habitais plus ma carcasse, tout se passait dans ma caboche. Mes terminaisons nerveuses se reconnectent brutalement et je ne peux étouffer mes gémissements. À ton tour de me chercher, tu ne me laisses aucun répit. J'approche près du bord. Du bord de quoi ? Du bord de l'eau. Alors tu modifies ton tempo, me laissant sur ma faim, ou ma soif, grognant de frustration. Et puis tu me ramènes près des gorges pour encore m'en éloigner. Je ne t'en veux même pas. Je savoure tes va-et-vient. J'ai encore mal de savoir que je t'épuise, et même plus, mais c'est en passe de devenir secondaire pour l'instant : j'aime quand tu me titilles ainsi. Je suis fatiguée d'être si compliquée mais peut-être finalement que mon masochisme s'était glissé dans cet interstice insoupçonné. Le reste, on verrait plus tard.






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