À mé(r/d)iter

"Viens ! J'ai envie de t'en mettre une…"
Je retiens son bras et me dégage gentiment. On reste assis finalement.
"Et depuis quand est-ce suffisant ?"
Il me regarde avec ses yeux qui veulent me croquer. Tu veux jouer ma cocotte, on va jouer. Mais faudra pas venir pleurer… Ou alors si, j'aime bien quand tu pleures. 
Mon cœur tambourine dans ma poitrine. 
Ne joue pas avec le feu, tu vas te brûler. Je m'entraîne pour les Enfers.
Un dialogue muet, nos prunelles s'accrochent.
"Depuis que ça me fait bander."
Je rougis. Je suis sûre d'être assortie aux sièges en vinyle bordeaux du café où l'on a attendu la fin de l'averse. Les cheveux en bataille qui commencent à peine à sécher, je doute d'arriver à faire bander qui que ce soit. Je n'aime pas quand il se moque. Peut-être que j'ai dit deux, trois impertinences mais c'était uniquement de l'humour, rien qui mérite... Simplement Monsieur ne sait jamais rire. Ou alors uniquement après une fessée.
Je n'ose pas répondre à sa provocation, il sent son avantage.
"Et depuis que ça te fait mouiller."
Mes lèvres s'entrouvrent pour protester.
"Ne me dis pas le contraire. Je ne te croirais pas. Et je serais obligé de vérifier. Ce serait fâcheux, tu sais ce que je fais aux vilaines petites menteuses, n'est-ce pas ?"
Je ne peux pas plus m'empourprer. Il me rend complètement liquide. Je secoue la tête pour effacer les images : moi sur ses genoux, lui sur moi à maintenir mes bras au-dessus de ma tête, nous contre un mur…
"Je ne suis pas vilaine."
Il a eu ce sourire, comme un hoquet de surprise.
"Non, tu es pire !"
Pire ? Je ne sais pas ce que c'est… J'ai même oublié de lui demander, je l'ai juste suivi avec cet air béat qui cachait bien mon appréhension.
On faisait une grosse connerie à toujours chercher à remettre le couvert.
Heureusement qu'on avait rompu…




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