L'Esprit d'escalier

Me précédant dans l'escalier, je m'amusais à envisager la forme de sa culotte en matant sans vergogne les plis discrets de son pantalon. J'espérais qu'elle sentît mon regard peser sur son cul. Peut-être que je fus exaucée, elle accéléra la cadence, avalant les marches quatre à quatre pour la dernière volée. Avait-elle mis le tanga en dentelle marine que je lui avais offert pour me faire pardonner un jour ? Je souriais déjà à cette attention.
J'avais déchiré une fois son sous-vêtement avec mes dents, elle avait hurlé que je n'étais qu'une rustre. Pire qu'un mec. Et avait stoppé tous jeux subitement. On ne reprendrait que lorsque je reviendrais du magasin de lingerie. J'avais pensé alors à un de ces caprices pour me donner l'occasion de lui en mettre une bonne. Mais Mademoiselle était on ne pouvait plus sérieuse, elle m'avait mordue quand je m'étais approchée. Elle hurlait de la laisser tranquille. Cette petite sotte allait rameuter le voisinage. J'eus la tentation la foutre à la porte pendant quelques secondes : elle allait pas bien ou quoi ?! Et puis, son air buté des mauvais jours m'avait fait culpabiliser. J'avais passé ma veste, embrassé ses cheveux.
"Sois sage, je reviens."
Autant prendre ça comme un jeu, au moins sa culotte me plairait vraiment, ce ne serait plus ses bouts de tissus bon marché trouvés dans je ne sais quelle grande surface ; j'avais même appris à les aimer ses horreurs. À deux rues de mon appart, j'avais trouvé une boutique. Quinze ou vingt minutes plus tard, j'étais de retour. Presque cent balles pour son truc, elle serait magnifique. Je la voyais déjà rougir, me dévoilant tout. Nue, elle serait moins pudique, c'était pour dire. Mon banquier aurait beau hurler, c'était de l'argent drôlement bien dépensé. Je mis ma surprise à tremper dans une bassine car évidemment c'était à laver à la main. On prit un café, la tension redescendit. On repartit sur de nouvelles bases. Plus légères. Je baisai ses seins dans son décolleté, descendis un peu et mordillai ses tétons, dressés pour moi. Une main entre ses cuisses m'indiqua qu'elle aimait, à moins que ce ne fût ma sauvagerie et l'outrage précédents. Elle s'en défendit mollement. La petite garce ! je ruinais sa culotte et elle ruisselait. La prochaine fois, je me promis que j'y mettrais plus de cœur, avec une autre de rechange déjà prévue. Juste pour voir ses lèvres former un o indécent. Une invitation à pipe. J'irais chercher mon gode ceinture pour empaler alors sa bouche, sans mauvais jeu de mots. Je secouai la tête pour revenir avec elle. Je m'éclipsai rapidement pour finir d'essorer mon cadeau et le mettre à sécher sur le radiateur, avec un peu de chance, ce serait sec. Sinon tant pis pour elle, au moins elle aurait une culotte propre. Et elle serait tellement encore trempée en sortant de chez moi, qu'elle ne verrait qu'à peine la différence.
Ma petite chatte, je vais m'occuper de toi... Et peut-être te faire payer ton affreux caractère.
Mes yeux lui promettaient déjà les pires tortures, elle avait retrouvé le sourire. Liquide, elle dégoulinait presque à mes pieds. Lave en fusion vivante. Finalement on avait fait l'amour tendrement. Elle m'avait laissé naturellement les rênes et sa laisse, je n'avais pas eu le cœur à plus batailler pour quelque chose de presque servi sur un plateau. Je lui avais laissé sa marge de liberté, celle dont elle avait besoin par confort. Sinon, nos joutes auraient promis d'être interminables, et je n'avais pas envie d'être d'une impitoyable sévérité, cette fois-là. Elle avait profité de sa liberté, reconnaissante. Et puis, repues, j'étais allée chercher sa culotte.
"Mets-la pour moi."
Ce n'était même pas vraiment un ordre. Elle m'avait exaucée, à la manière d'une jouvencelle qui veut aguicher son aimé. On n'avait plus le temps pour jouer les prolongations mais nos regards se promettaient de nouveaux lendemains. La rue me la ravit. Je suivais sa silhouette singulière à travers mes rideaux jusqu'à ce qu'elle tourne au carrefour. Je m'étais détachée de la fenêtre, quêtant son odeur encore sur mes coussins. Je devrais lui demander de me laisser son écharpe la prochaine fois, juste pour être sûre qu'elle revienne la chercher et me blottir dedans. Je m'ébrouai, je ne tournais plus très rond quand elle était dans les parages et encore moins quand elle était partie.

On était enfin arrivées. Je tournai la clef dans la serrure, elle s'était adossée dans le renfoncement. Patientant. Dans la pénombre, ses prunelles luisantes avaient quelque chose de féroce. J'avais l'impression de faire rentrer le loup dans la bergerie. En pleine lumière, elle ressemblait plutôt à une brebis égarée pourtant. Comme si l'éclat du soleil l'intimait à taire sa bête intérieure à tout prix, quitte à se trahir elle-même.
On rentra. Je n'attendis pas plus longtemps pour la plaquer contre la lourde porte en bois massif. Elle perdit aussitôt toute assurance, même le louveteau s'était évaporé. Ses gestes étaient gauches, elle subissait mes assauts. Avec elle, elle avait raison, j'étais pire qu'un homme. Avec d'autres nanas, j'étais parfois plus comme il fallait. Elle, j'avais besoin de la posséder. Urgemment. Sans manière, ni convenance. Comme si je devais me prouver que j'en étais capable. Que malgré ses airs de ne pas y toucher, sans Dieu, ni maître, elle acceptait une maîtresse. Au moins à temps partiel. Mais elle était plus indépendante que ses sourires timides le laissaient supposer. On n'était que de passage avec elle. Elle ne promettait jamais rien de plus. Je l'embrassais à pleine bouche, mélangeant nos salives. Lui interdisant en silence de me le refuser. Gênée, elle acceptait. Je baissai son pantalon, je voulais voir sa culotte.
Je fus bien stupéfaite quand je vis une culotte simple, sportive avec pour inscription Madame parfaite. Elle n'avait plus quinze ans, ces gamineries devenaient ridicules. Elle m'exaspérait déjà. Ça promettait... 
Débouclant ma ceinture, je ne pus m'empêcher de me dire que c'était peut-être un peu à cause de moi... J'aurais dû lui donner des consignes précises. Son sourire me rassura, elle l'avait fait à dessein. Eh bien Mademoiselle serait bien servie !

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