Helminthe

La douleur. Fulgurante. La vraie. Celle avec laquelle on ne peut pas négocier. Parce qu'elle n'existe pas. Elle est nous.
Empêchant de pleurer ou de vomir. D'évacuer. On ne sort pas de soi. Coupant le souffle comme une vilaine droite.
Je ne l'avais pas vue venir. Pourtant on se prépare souvent à une cruelle éventualité, oubliant les facteurs réels. Ceux qui apportent les mauvaises nouvelles. Entre les pensées et le corps, c'est toujours différent. Rien n'est grave là-haut, tout l'est quand ça glisse vers les organes, que ça veut tordre les tendons, briser les os et polluer le sang.
Quand ce ne sont que des mots. Rien que ça. On peut s'arranger. Bouger les lettres. Jouer au Scrabble. Allez vlan mot compte double, 20 poings dans ta face. Je ne tomberai pas pour ça. 
Mais quand le poison distillé trouve le chemin de la carcasse, alors il est trop tard. Comme une maladie, une sorte de cancer bénin, qui n'intéresse donc pas grand monde ; il faut alors recouvrer la santé petit à petit, apprivoiser le mal et vivre avec. 
Le corps est traître, autant que protecteur, il interdit de passer outre trop longtemps, on doit d'abord régler les choses. Si on ne veut pas que les choses nous règlent notre compte.
Le pire c'est lorsque ce vilain parasite est illégitime. Incompréhensible. Qu'il n'est qu'une accumulation de maux tus (et bouche cousue !) pour se déverser dans la dernière goutte. Celle qui fait déborder le vase. Quoi dire ? Comment expliquer ? Une pichenette nous a fait tomber. Alors on continue dans le silence. On gère. On gère. On gère. Et puis un jour, notre corps nous balance l'addition. Ça fait cinq, dix, trente ans que tu vis sous l'eau. Continue de te noyer, moi je veux retrouver la surface.
Conflit. D'intérêts. Qui va gagner ? Lui, moi ? Personne. On est qu'un. Mais on l'a oublié. On devrait être partenaire. Mais on se fait la guerre. Un soir de fatigue, on signera enfin l'armistice sûrement. Et simplement.



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