Plaid coupable

« Thaïs, c’est moi, je suis rentré ! »
 
Douche froide ! 
Ma bonne conscience me dit que je devrais probablement me lever et au minimum, faire semblant de travailler mais mon édredon est bien trop accueillant pour le laisser tomber ainsi… Au moins prendre un crayon et du papier, ou faire semblant de pianoter sur mon téléphone... Mais je n'ai alors plus le temps de les choper.
 
« Thaïs ? Où es-tu ? Ne me dis pas que… »
 
Non, non, mon cher, je ne vous le dirai pas !
Bon en attendant que ça barde, je me fais toute petite dans mon lit. Peut-être qu’avec un peu de chance j’arriverais à me fondre dans ma couette…
La porte de la chambre s’ouvre à la volée. Je n’en mène pas large : je fais la morte.
 
« En diaper, immédiatement ! »
 
Je m’attendais à beaucoup de choses mais pas à ça ! J’essaie de me faire oublier mais il prend ça pour de l’insolence.
 
« Tu veux la jouer ainsi ? Très bien ! »
 
Non, pas très bien, justement ! 
Il m'arrache brusquement ma couette, qui dégouline ainsi sur le tapis. Oh non pas par terre, je n'ai pas passé l'aspirateur depuis... quelques jours...
Tandis que je cherche à sauver mon précieux du sol à la propreté douteuse, il me ceinture alors comme si je ne pesais pas grand-chose. Je rue pour tenter de lui échapper, mais il renforce sa prise et je me retrouve plaquée entre lui et le matelas, sans aucune marge de manœuvre.
Il a l'air furieux. D'habitude, il a plus de patience. Je crois qu'il a passé une mauvaise journée. Et que je risque d'être son exutoire.

« Encore en pyjama en plus ! Même pas lavée, je présume ? »

Les claques pleuvent sur mon micro-short, rempart bien dérisoire contre cette tempête. Malgré l'intonation, je n'ose même plus répondre. J'essaie d'esquiver le maximum possible. En vain. Dès que je gigote un peu trop, il change aussitôt de position pour me faire perdre le peu de répit que je viens de gagner.

« Et je présume bien. Celle-là, tu vas la sentir passer, ça t'apprendra ! Bleuner toute la journée... Tu le feras pas deux fois ! »

Parce que tu crois que là c'est des caresses ?!
Mais j'ai tort, il a encore de la ressource, mon chéri, et l'averse qui s'ensuit est plus violente que la première. Prestement déculottée, je commence à crier pour de bon, et le prier sincèrement. Voyant l'inutilité de mes mots, je me mets à pleurer, impuissante. Au bout de quelques minutes, il s'arrête. Je me relève, et me rhabille passablement contrariée. Je ne veux plus le voir. Aller bouder au salon, trouver du réconfort sur le canapé devant une série stupide me paraît adapté. Pas lui. À peine ai-je franchi la porte qu'il me rappelle.

« Où vas-tu ?
- Dans ton... »

Réflexe idiot d'adulescent immédiatement stoppé. En quelques enjambées, il me rejoint pour me faire taire. Sa claque part giflant mon ego vacillant. Je me tiens la joue, vexée. Mais à la vérité, je veux surtout rassurer mon amour-propre blessé.
Il me courbe bientôt sous son bras. Ponctuant son sermon par une volée.

« Quand. Vas. Tu. Donc. Cesser. Hein ? »

Trop hébétée pour répondre. Je le laisse dans le silence. Il me redresse.

« Je t'ai posé une question. »

Je me bute. Restant muette.
Il m'attrape alors par l'oreille. C'est la première fois. Je trouve cela curieux de ne pas avoir mal, je suis malgré tout obligée de le suivre quand il se met en marche furieuse vers la salle de bain. J'aimerais savoir freiner des quatre fers mais dans un instinct de conservation, mon corps continue de suivre le mouvement ; il tient à son lobe. Et moi, à mon orgueil.

D'un mouvement du menton, mon bourreau m'intime l'ordre de filer sous la douche. Ses yeux me conseillent de ne pas renâcler. Mais je prends mon temps pour me déshabiller. Soudainement excédé, il me prend par le bras pour me faire passer sous le jet qu'il allume. J'ai encore mon débardeur de la nuit, mais il n'en a cure. Je crie encore et gigote pour m'échapper. De ce traquenard trempé et froid. Mais il resserre sa poigne. Et quand enfin il me lâche, c'est pour attraper ma brosse de bain. Celle avec un long manche, que j'adore. Je lui demande même parfois de me gratter le dos avec, quand on fait notre toilette ensemble. C'est sûr que je ne pourrais plus la voir du même œil. J'ai beau le supplier, il ferme le robinet et me colle vigoureusement contre le mur. Lui aussi est mouillé mais il semble si en colère qu'il ne le remarque même pas.

« Après ça, je te jure que tu vas finir correctement ton travail... Et même le commencer, si ce n'est pas encore fait. » 
 

 

 

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