Avant toute chose…

« Le réel est étroit, le possible est immense. »
Alphonse de Lamartine, 
Méditations poétiques, 1820.



Bientôt à l'heure où les martinets s'égosillent dans le ciel, tu sonneras.
Tu me reviendras
J'attends. Je t'attends.
Le moment suspend ses prétentions. Je ne suis qu'attente. Et toutes les élucubrations qui vont avec.
Bientôt, tu me reviendras et la bulle éclatera.
La réalité me rappellera. Elle gâche tout parfois.
Moi j'aime quand tu es en chemin. Vers moi. Mais pas encore là.
Je ne fais rien. Que penser. Debout à la fenêtre, je te guette. Ou plutôt j'imagine déjà voir ta silhouette, de loin. Seras-tu pressé, allongeant le pas ? Même en retard ? Ou prendras-tu ton temps ?
Toutes ces questions, je les savoure. Ne rien savoir. Ne rien vouloir savoir pour une fois. Presque jouissif. Les mots et les points d'interrogation se succèdent, comme un défilé chez Poiret, à la belle époque. Ils prennent leur temps pour glisser sur le parquet. 
Le réel m'impose ses choix – quand mes rêves explorent les mille possibilités –, il me déçoit.
Bientôt tu m'attacheras. À tes mains. À ta cravate. Bientôt, je m'attacherai. À tes yeux. À notre parfum. Ainsi captive, je serai pourtant lucide pour encore rêver d'un jour où je saurais fuir à temps. Fuir sans t'attendre.
Désabusée, je me demanderai. Encore.
À quoi bon être à toi, si je ne sais plus t'échapper…



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