La Pluie du mâtin n'arrête pas le pèlerin

Tu avais ouvert les yeux subitement. J'avais fermé les miens, aussitôt. Je faisais semblant de dormir pour ne pas que tu me reproches de t'avoir réveillé en me tournant et retournant pour retrouver le sommeil.
Tu n'étais pas dupe, mais de bonne humeur.
Ta main avait trouvé facilement mon antre malgré les plis des draps.
Je me figeai. Tu me caressas un peu, mon corps s'éveilla. Je laissais échapper un léger soupir, accompagné d'un sourire encore embrumé.

- Dès le matin... Eh bien, je vois que tu as fait de jolis rêves.

- Évidemment... Tu étais dedans...

Tu massas doucement mes lèvres qui s'ouvraient sur ton passage, seulement avant d'avoir la présence d'esprit de vouloir peut-être te rendre la politesse, tu étais déjà debout.

- Allez, à la douche ! Le vibro est sur la table de chevet si tu veux...

D'un bond, je me forçai à me lever. Je manquai de trébucher sur la moquette poilue et de me prendre la porte entr'ouverte, me rattrapant au chambranle, je retrouvais assez d'équilibre pour enfin atteindre le couloir, à temps.
Tu allais bientôt fermer la porte de la salle de bain.

- Attends...

Tu te retournas, surpris. Je baissai les yeux immédiatement, redoutant que mon audace fiche le camp en croisant ton regard interrogatif. J'avais la bouche pâteuse des matins de nuit trop courte et bien du mal à aligner les mots.

- Je...

- Tu... ?

Prenant une grande inspiration, je tombai à genoux. Je m'attendais à un bruit de rotules, désagréable, mais pour une fois, rien : en souplesse, mon corps avait touché le sol.

- Puis-je vous accompagner ?..

Ayant peur d'essuyer un refus, j'ajoutai en osant enfin te regarder : "S'il vous plaît, Monsieur...". Ton sourire me rassura. J'espérais que mes yeux parleraient assez pour moi. Qu'ils sauraient te rassurer, te convaincre, t'exciter. Ma bouche était trop sèche pour ça.

- Hum, pourquoi pas... Viens.

Tu t'effaças légèrement pour me laisser passer. Ton bras bloquant la porte à hauteur de mes épaules, je compris que tu me voulais à quatre pattes. Ayant initié la partie, je ne pouvais pas décemment me dérober à ton ordre silencieux, et ça tu ne l'ignorais pas.
Arrivant enfin sur le tapis moelleux, j'attendais la suite en sage quadrupède. J'aurais pu profiter de la vue et de ton strip-tease, mais machinalement, j'avais fermé les yeux. Pour te faire ce plaisir. Les bruits de vêtements froissés et d'eau qui coule me racontaient ce que je ne voyais pas. Tu me gratifias d'une caresse sur le cul, qui me fit frémir de ce goût de trop peu, puis entras dans la baignoire.
J'avais dormi nue cette nuit-là, et je me demandais si tu me regardais ou bien si tu étais absorbé par ta toilette. Cette dernière hypothèse me vexant, j'avais la vive tentation de ciller pour vérifier, mais je me retins, inclinant prudemment la nuque vers le sol pour ne plus y penser.

- Avance.

J'hésitai puis fis les deux pas me collant au rebord. Je résistais de toutes mes forces à ne pas ouvrir les yeux. Je savais que tu y serais sensible. 

- Décale-toi un peu à droite.

Ne m'y attendant pas, je faillis décoller mes paupières pour te faire des yeux de merlan frit, mais je me retins in-extremis. Et obéis.

- L'autre droite.

Je pouffai en ouvrant cette fois-ci les yeux. Trouvai enfin la bonne position et rebaissant les paupières, j'attendis.

- Recule-toi un peu.

Ton truc commençait à ressembler à du Madison peu conventionnel. Je m'exécutai tout de même docilement.

- Et maintenant, reviens vers moi. 

J'hésitais un peu puis m'avançai à nouveau. Mon nez rentra inopinément en collision avec un ovni. Malgré la surprise, je m'obligeais à rester les yeux clos. Puis l'eau s'arrêta, j'étais alors partagée entre la frustration de la fin du jeu et l'espoir que tu t'occupes de moi. Je t'entendis sortir du bain, à côté de moi, et je sentis ta main encore légèrement humide agripper mes cheveux pour contraindre mon cou à s'étirer vers le plafond. Mes cuisses étaient moites, et la vapeur de ta douche n'y était pour rien.

- Doucement. Voilà. Ouvre la bouche. Tout doux.

Ma langue toucha alors l'ovni. Par réflexe, je voulus m'éloigner, mais ta poigne stoppa mon mouvement. Je grognais essayant de me figurer la scène : ma gueule clouée au gode que j'imaginais ventousé au bord de la baignoire, la nuque légèrement en extension, juste pour le plaisir de me voir en difficulté.
Au moins, mon idée de t'accompagner t'avait inspiré. Tu me laissas gentiment avaler ma salive et reprendre ma respiration, puis me forças à avaler complètement le phallique silicone. Ce n'était pas le plus petit modèle. Ça devait être celui qui avait servi la veille, oublié près du lavabo. Je cherchais à m'extraire doucement de cette bite factice, mais d'un claquement de langue, tu m'en dissuadas. Je râlai.

- Inspire par le nez.

Empalée jusqu'à la glotte, mes protestations devenaient presque muettes. N'ayant pas le choix, je suivis laborieusement ton conseil. Tu me caressais la tête pour me calmer un peu.

- Bien. Très bien.

Ma bave suivait déjà le sillon de mes commissures des lèvres. Par la loi de l'attraction, elle finirait par terre ou dans mon cou. Cette pensée me fit subitement ouvrir les yeux, croisant ton regard attentif, en surplomb. Ton mouvement de sourcils m'incita à rabattre mes paupières.
Comme pour me punir, tu empoignas mes cheveux, entraînant ma tête en arrière. Trop heureuse de respirer un peu normalement, je n'eus même pas la tentation de me plaindre.

- Rouvre la bouche.

Tu me remis sur le gode, pour m'en retirer. Augmentant la cadence à chaque aller-retour. Mes bruits de gorge battant la mesure. Après quelques va-et-vient, tu me rendis ma liberté. Je clignais des yeux pour me réhabituer à la lumière blanche de la salle de bain. Croyant à la fin de la partie, je m'essuyai la bouche d'un revers de main.

- Qu'est-ce que tu fais ?
Remets-toi en position, et entraîne-toi comme une grande. Et correctement.

Je résistai à lever les yeux au ciel, j'avalai le peu de salive restant en magasin et obéis. Taillant une pipe à l'olisbos.



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